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XVIII


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Comment t’ai-je laissée aller, ô bien-aimée !
Quel chemin, quel sentier as-tu pris pour t’enfuir ?
Il fait noir, la mer bat la falaise embrumée,
La planche du moulin est glissante à franchir,

La route est peu sûre où la hutte déchaumée
Parmi les minerais de fer semble bondir
Comme un squelette affreux ! N’es-tu pas alarmée ?
Une ombre, un cri d’oiseau te faisaient tressaillir.

Tu dois être glacée et tremblante d’effroi !
N’entends-tu pas ? Reviens ! Reviens ! Appelle-moi !
Je suis là ! Je suis près, bien-aimée, et j’accours !…

Sur les chemins obscurs mes vains appels tournoient ;
Tout se tait ; seuls des chiens, dans de lointaines cours,
Effarés par ces cris désespérés, aboient.