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XIII


 
Je m’en suis venu seul revoir notre vallée ;
Elle est déserte, elle est muette, c’est l’hiver.
Dans ses bois dépouillés comme elle est désolée !
La crête des coteaux dans le brouillard se perd ;

Les talus ont à peine un peu de gazon vert ;
La petite rivière au flot vif est gelée ;
La cascade est un bloc de glace amoncelée
Sous son vieux pont de bois, de givre recouvert ;

Les oiseaux sont blottis ; seul un martin-pêcheur,
Venu près du moulin chercher une eau courante,
S’envole : des corbeaux traversent le ciel froid ;

Nul bruit que le fusil éloigné d’un chasseur ;
Déjà le soir étreint de tristesse navrante
Le paysage nu qui semble plus étroit.