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Quand je l’embrasserai sous un treillis de roses,
Je veux que vous ayez notre premier baiser,
O chers yeux qui m’avez avoué tant de choses.
Et mon âme sur vous montera l’épouser ;

Je veux que vous sentiez sur vos paupières closes
Les prémices de ma tendresse se poser,
Sources de mon bonheur, clartés des jours moroses,
Dont l’émoi découvert me permit seul d’oser ;

Afin que vos regards, quand vous vous rouvrirez,
Reparaissent changés et déjà rassurés
Par cet avant-coureur d’un long amour fidèle.

Il est juste, ô chers yeux, chers yeux tristes et doux,
Que sur vous, sur vous seuls, mon premier baiser scelle
L’amour inespéré qui m’est venu par vous.