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XL


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Et l’amant dit : « L’amour de mon cœur est si fort
Que le hibou pourrait becqueter mille enclumes,
La mer bâtir des caps du sel de ses écumes.
Sans que de jours pareils il ressente l’effort ;

L’antique bûcheron qui passe sera mort.
Et les ans, aigle fier, auront blanchi tes plumes,
Et les peuples auront oublié leurs coutumes,
Que ces temps lui seront l’instant qu’un enfant dort.

Les races franchiront leurs phases successives,
Les époques auront déplacé les climats,
Les siècles épuisé leurs lentes tentatives,

Et le monde mouvant aura touché les rives
Dont l’espoir des penseurs entrevoit les éclats,
Sans que le Temps le lasse, ou qu’il cède au Trépas. »