Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/118

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Ou bien la trahison, ou bien la lâcheté,
Qui sans murs ont laissé l’abord de la cité.
Car l’argent étranger, l’ignorance et la crainte
Ont mis leur triple obstacle à dresser cette enceinte
Qui pourrait nous sauver au moment désastreux.
Nous sommes arrivés, par fortune, avant eux,
D’un jour. Quel cri joyeux quand je vis que la pente
Du val était déserte encor, et que l’attente
Nous donnait le répit de creuser nos fossés !
Lorsque leurs cavaliers se sont sur nous lancés,
Dans la gorge rocheuse arrêtés l’un par l’autre.
Glissant sur le terrain que dominait le nôtre,
Ils ont mal commencé le combat. Leur élan
Rompu se propageait en désordre roulant
Derrière eux, vers le bas, où de longues poussées
Contre lui se heurtant et par lui renversées,
Prolongeaient ces remous accrus de désarroi ;
Leurs nombres comptaient peu dans ce passage étroit ;
Leur force ne pouvait agir que par durée,
Et, dans son long assaut sans cesse réparée,
User nos bataillons quoiqu’en s’usant plus qu’eux !
Le jour fut, malgré tout, menaçant et douteux !
Redoutables moments, où l’on voit la fortune,
Hésitante entre deux, voler tantôt vers l’une,