Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces armes qu’il fait luire entre leurs verts rameaux,
Mais elles, à leur tour, font ses rayons plus beaux !…
La descente de l’ombre est encore lointaine :
L’œil compte les hameaux jusqu’au bout de la plaine ;
On distingue là bas, sur le fleuve, le pont
Et sa tour d’où jaillit un trait brillant et prompt ;
Une cuirasse, un casque, une parme étincelle ;
L’éclat est régulier ; c’est une sentinelle
Qui le jette, en tournant au bout de son trajet…
Excuse-moi, j’étais parti loin du sujet
Dont nous parlions. Avant que le froid crépuscule,
Sur les degrés des monts lointains, ne coagule
Le sang clair du soleil dont la pourpre noircit,
Tu peux continuer — si tel est ton souci —
L’étrange controverse où se montrent nos âmes.
Sur ce banc où le jour, de ses dernières flammes,
Prolonge sa tiédeur, ô vieillard, viens t’asseoir,
Et dis ce que, de moi, tu souhaites savoir.


Le Vieillard.

Je souhaite savoir quelle force élabore
En toi ce sentiment dont ton âme s’honore,