Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/144

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Reprends ton ministère ! Et si tu sens en toi
Un peu moins d’assurance, ou peut-être de foi,
Sache les remplacer par la fierté stoïque.
Par le hautain défi d’un cœur qui revendique
Le droit d’être en soi-même autant qu’un monde entier,
Le droit de mesurer, sous son dédain altier,
Ce qu’il peut concevoir plus parfait qu’il n’existe !
Montre aux fatalités un front qui leur résiste ;
Et laissant faire aux Dieux leur œuvre de malheur,
Fais ton œuvre de bien, en méprisant la leur !


Le Vieillard.

Que ta parole est forte et qu’elle est héroïque,
Guerrier, et que ta voix, si jamais la panique
Fait hésiter les cœurs surpris de tes soldats,
Doit être vigoureuse à ranimer leurs bras !
Mais comme elle est aussi belliqueuse et farouche !
C’est le défi d’Ajax qui passe sur ta bouche,
Et tu parles aux Dieux une épée à la main !
Dans ton cri révolté résonne encore l’airain !