Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/143

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Qui fume sur ce globe en l’honneur de la Mort,
Où peut-être la guerre, ô vieillard, est l’apport
De notre race humaine à la commune offrande
Dans laquelle, malgré que sa peur l’appréhende,
Comme font les troupeaux, elle va se jeter,
Il convient qu’il y ait des cœurs pour abriter
La réprobation de l’implacable rite,
Et, meilleur que le sort sur lequel il médite,
Un rêve qui le juge et qui lui fasse affront !
Ta place, ô bon vieillard, est parmi ceux qui sont
Marqués pour cet office et pour ce sacerdoce
De porter, à travers le grand souffle féroce
Qui flagelle le monde, une humaine clarté,
La lampe de l’amour et de la charité.
Et cela seul suffit, quoi qu’ensuite il advienne,
Pour qu’une main pieuse et fidèle la tienne,
Jusqu’au temps qu’il faudra la mettre en d’autres mains.
Car si l’effort est vide et si les vœux sont vains
D’empêcher l’univers de rouler à son terme,
Cet acte fait pourtant que l’univers renferme
Ce qui meurt de plus haut parmi tout ce qui meurt ;
Et l’univers lui doit sa parcelle d’honneur.
Oublie un court instant de doutes et d’ombrage !
De ton ancienne ardeur et du même courage