Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/166

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— Ainsi qu’un compagnon encore endolori
Reçoit un cordial du compagnon guéri, —
Pour calmer leur tristesse et panser leur blessure.
Plus que tout, j’ai compris, fils, que, sous ton armure,
Bat un vrai cœur humain, parfumé de bonté.
Et que le dur Devoir par ta vie accepté
Ne fut pas accompli par ton bras sans tristesse.
Accueille le respect que j’ai pour la noblesse
Du valeureux regard dont tu vois le Destin !
J’implorerai les Dieux dont l’arrêt souverain
Règle les sorts mortels, qu’il poursuit ou protège,
Pour que, si de nouveau le clairon sacrilège
T’appelait, ô guerrier, ils gardent un de ceux
Par qui l’atroce Guerre — ainsi que tu le veux —
Est moins le crime humain que le forfait du monde.


Le Guerrier.

Permets que ma parole à la tienne réponde,
En amitié pareille ; et souffre qu’à mon tour
Je souhaite à tes ans de ne pas voir ce jour,
Que sous ton olivier, ta vie heureuse achève,
En studieux loisirs, son cours, dans une trêve