Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/19

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l’Orateur.

Ne garde pas ma main, laisse-la retomber,
Laisse mon bras débile et vaincu pendre inerte,
Laisse mon corps lassé vers le sol se courber,
Sous le poids de mon âme épuisée et déserte ;


Rien ne l’habite plus d’espoir ni de fierté ;
Elle est une urne vide au milieu de décombres,
Un écho qui se meurt dans un lieu dévasté,
Un flambeau consumé qui s éteint dans des ombres !


J’ai vu crouler tout ce vers quoi je me haussais.
J’ai vu la Liberté périr dans ma patrie.
J’ai vu choir la Justice, et j’ai vu le succès
D’une tourbe haineuse, imbécile et pourrie.