Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/20

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Le sol de nos aïeux, s’il a jadis connu
Des forfaits plus sanglants mêlés à plus d’audace,
N’en porta jamais un qui fût plus descendu
Dans une abjection aussi grossière et basse.


Le Nombre est devenu la raison de la Loi,
La Loi n’est plus ainsi qu’un instrument du Nombre.
Elle a quitté la route inflexible du Droit
Pour des sentiers obscurs et tortueux qu’encombre


La haine ou l’intérêt chétifs de chaque jour ;
Elle perd sa hauteur, sa suite et sa mémoire,
Pour couvrir un calcul, toujours caduc et court.
De son auguste nom devenu dérisoire ;


Elle a changé l’antique et l’intègre teneur
Qui la faisait suprême et sur tous tutélaire,
Pour votre mensongère et brutale impudeur,
Édits de convoitise, et décrets de colère.


Les meilleurs d’entre nous, ceux qui gardent encor
Le visage, le sang et l’âme de la race,
La discipline ancienne, et le sens de l’effort,
Les hommes d’un pays et non sa populace,