Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/25

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Jusqu’à ce qu’atteignant la fin de mes moments,
Je restitue au monde et à sa vaste vie
La petite pincée éparse d’éléments
Dont je fus composé, qui par moi fut unie.


Alors roule à son gré cet étrange univers,
Où je n’ai jamais vu qu’aucun espoir s’achève !
À l’abri de l’assaut de ses aspects pervers,
Je me reposerai dans l’éternelle trêve,
Lorsque mes yeux seront d’argile recouverts.


l’Ami

Compagnon des vieux jours et de plus d’un combat,
Es-tu toujours celui que je croyais connaître,
Qui, devant une foule ou devant un sénat,
Finissais tes discours avec le ton d’un maître ?


Leur murmure ou leurs cris, par ton geste domptés,
S’abaissaient par degrés quand montait ta parole,
Et leurs fronts acceptaient le poids des vérités,
Quand une âpre ironie ou quelque haut symbole,