Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/24

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Je ne sais si nos fils, ou les fils de nos fils,
Lorsque ces malfaiteurs auront usé leur œuvre,
Pourront voir, à travers des débris de débris,
Revenir le puissant et l’éternel manœuvre


Qui relève les murs, rebâtit les cités,
Et pousse son labour de rayons dans les ombres ;
Il est des lieux qu’il a, pour des siècles, quittés,
Où les lents chênes ont grandi sur des décombres !


Il est trop tard pour moi ! mes yeux sont fatigués
D’humiliations, de spectacles de honte ;
J’ai saisi mon bâton pour traverser les gués
De ces ruisseaux d’opprobre où l’eau grossit et monte !


Laisse-moi m’éloigner de ce pays perdu !
Laisse-moi m’en aller vers des rives heureuses,
Où, près de flots d’azur, sous les pins étendu,
Entouré de clartés riches et spacieuses,


Échangeant le dégoût que mon âme contient
Pour de nobles pensers et de paisibles rêves,
Je lirai lentement ceux qui parlèrent bien
Du Destin, de la Mort et de nos heures brèves.