Ces graves conseillers, ces grands vases d’airain,
Dont l’éternelle voix s’éveille à notre étreinte
Quand un cœur bat contre eux, ne répondent plus rien
Quand on presse à leurs flancs une poitrine éteinte.
Leur tranquille grandeur ne contient plus de sens
Pour qui n’y porte rien qu’elle apaise et mesure ;
Qu’importe, quels qu’en soient les sublimes accents,
À qui n’existe plus, l’avis que rien ne dure ?
Si tu t’anéantis en cessant d’être toi,
Tu ne rencontreras qu’un néant insensible ;
Et ces consolateurs, en qui tu mets ta foi,
Ne seront que silence et que ténèbre horrible.
Alors, ô frère, ami ! tu te repentiras !
Tu te regretteras ! Tu voudras te reprendre,
Et vers l’homme aboli que tu laissas là-bas
Tu sentiras tes bras se tourner et se tendre.
Tu maudiras les Dieux trop prompts à t’exaucer !
Le cœur te manquera pour affronter la honte
De briser le serment que tu veux prononcer,
Mais tu regarderas si l’enclume remonte !