Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/33

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Et tu regretteras que, par delà la mort,
Tes os ne puissent pas dormir dans la patrie,
Toi qui les exilas, quand, marchant vers le port,
Tu détournas la main de l’ami qui te prie
De rester qui tu fus et d’être égal au sort !


l’Orateur.

Ah ! trop cruel ami, pourquoi parler ainsi ?
Tu connais trop mon âme et qu’elle se déchire !
Respecte et plains plutôt le deuil et le souci
D’un départ dans lequel toute une vie expire !


Crois-tu donc que je laisse avec un cœur joyeux
Le sol où j’ai marché mes premiers pas débiles,
La maison qui contient les urnes des aïeux,
La ville où le travail de mes saisons viriles


A maintenu l’honneur hérité de mon nom,
Cet air qu’ont respiré mes amis et mes maîtres,
Et ce ciel d’où les ans, en neigeant sur mon front,
Me font plus proche encor du repos des ancêtres ?