Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/39

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Oui, je pourrais, je puis, me dévouer encor,
Et, sans ce peu d’espoir qu’il faut à toute lutte,
Maintenir mon courage et mener mon effort
Jusqu’à l’heure où la Mort, à son tour, nous recrute


Et nous relève ainsi de notre poste humain !
Oui, je pourrais tenter le succès, sans y croire,
En niant à mon glaive, où se crispe ma main,
La palme de triomphe et le laurier de gloire !


C’est un ordre plus haut qu’en m’éloignant, je suis !
Je fais à ma Patrie un plus grand sacrifice,
Mais que l’amer aveu, par qui je t’en instruis,
Ton silence le garde et qu’il l’ensevelisse !


Je suis épouvanté d’être seul à lutter
Pour le Droit, la Justice et la Vertu commune,
À ce point d’être pris de doute, et d’hésiter
Si mon combat est bon, ma constance opportune !


Une honte me vient de mon isolement
Devant cet étendard que je voudrais défendre ;
Je crains qu’en révélant, par moi, son dénûment,
Je montre au Nombre vil qu’il peut tout entreprendre.