Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ma propre voix me semble, au milieu des débats,
Tantôt une révolte, et tantôt un reproche
Envers ces dieux muets qui ne frémissent pas
Quand un flot criminel de leurs autels s’approche ;


Entre eux et nos malheurs est-il donc un accord ?
Le silence vaut mieux que cette voix perdue !
La cause qui se tait peut sembler grande encor !
Celle qui par un seul soldat est défendue


L’offre comme un témoin de son vaste abandon ;
Elle n’existe plus que comme une agonie ;
Sa suprême énergie est pour elle un affront ;
Mieux vaut la majesté de la mort infinie !


Et, puisqu’il n’est plus rien que mon faible secours
Entre elle et ce silence où le présent s’apaise
Pour laisser l’avenir préparer d’autres jours,
Que mon geste s’arrête et mon discours se taise !


Peut être, en enlevant à ce temps forcené
Les ultimes retours et la dernière trace
Des Pouvoirs par lesquels il se sent condamné,
Une si lamentable et si morne disgrâce,