Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/45

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Il faut que parmi tous, comme un vivant Dédain,
Un homme reste encor, austère et taciturne,
Tel qu’on sache, en voyant son front pâle et hautain,
Les tisons de mépris qui brûlent dans cette urne ;


Il faut que son regard fasse des accusés,
Et qu’en l’apercevant chacun des tyrans dise :
« Voilà celui par qui nous sommes méprisés ! »
Et les autres : « Voilà celui qui les méprise ! »


Pour que ne faillent point et ne soient point prescrits
Le stigmate, la marque indélébile et sûre,
Par qui, dans le succès, les méchants sont flétris,
Et par qui la vertu, dans l’épreuve, s’assure.


Et de qui saurons-nous, si tu n’es pas resté,
Que son silence est fait de muette éloquence,
Et quel autre mépris aura la majesté
Du mépris qui vivra dans ton puissant silence ?


l’Orateur.

Brise ce bâton ! Viens ! Rentrons dans la Cité !

(Mai 1904).