Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/44

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Il sied, devant ces gens choisis par le malheur,
Sous qui notre renom dans l’opprobre s’enfonce,
Qu’un homme existe encor, qui d’un verbe vengeur
Et d’un doigt irrité, les montre et les dénonce ;


Et qui, si le Destin est du côté de ceux
Qui sont les ouvriers d’une œuvre sacrilège,
Bien qu’il y puisse voir la sentence des cieux,
Dénonce le Destin avec ceux qu’il protège !


Bien plus ! si consommant l’assassinat des Lois,
Et, pour ne pas tomber, poussé de crime en crime,
Ce ramas, osant plus que n’ont osé les rois,
Et détestant plus qu’eux la Liberté, supprime


La tribune sacrée, où les derniers accents
Se font entendre encor de l’éloquence ancienne,
Où les appels du Droit gardent toujours récents
Ses outrages, et font sonner les fers qu’il traîne ;


Si pas une voix n’ose ou ne peut plus parler,
Dans un air soupçonneux et transi de silence ;
Si, lorsque des amis entre eux vont s’assembler,
Aux lèvres de chacun la peur fait vigilance.