Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/56

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Parlait avec tendresse, ainsi que d’un savant,
D’un sage qui vivait, sous son toit solitaire,
Riche de rêves dont la richesse libère
Qui sait les posséder de tout le vain Désir
Dont nul autre trésor ne peut nous affranchir.
J’ai gardé de ses mots, que ton aspect ranime,
Une respectueuse et déférente estime.
Bien que le cours des ans et le torrent des faits
Nous aient tenus longtemps l’un de l’autre distraits,
Bien que de durs travaux et d’âpres aventures,
Dans des retours pareils à ceux des Dioscures,
Ne m’aient laissé venir que pour ne pas trouver
Mes compagnons absents, je sais en conserver
L’image toujours chère et l’intacte mémoire.
Que cet aveu, vieillard, te prescrive de croire
Que je puisse oublier l’ami jadis connu ;
Mais je marchais sans voir, dans mes pensers perdu.


Le Vieillard.

Je comprends dans quel trouble entraînée et captive,
Ton âme a fait, guerrier, ta marche inattentive ;
J’aurais dû deviner quel trop récent émoi
Te distrayait de tout en passant près de moi,