Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/78

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Devant le livre austère et sombre, où reste écrite
L’inexorable loi que ton regard évite,
Pour relire, en toi-même, un espoir né de toi !
Je t’écoute parler presque avec de l’effroi !
Pour dominer la force, il faut l’avoir soi-même,
Et pour l’avoir, il faut la cultiver ; on sème
Les secrètes raisons des triomphes futurs,
En créant lentement des corps souples et durs,
Rapides, résistants, vainqueurs de la fatigue,
Dédaigneux des saisons, dont le sang se prodigue
Parce qu’il se refait, riche, entre deux combats.
Des corps au souffle long et qui fournisse aux bras
La force de frapper sans retomber inertes,
Et de cueillir enfin les victoires offertes
À celui dont l’effort dure le plus longtemps.
À de tels corps, il faut des cœurs fiers et constants,
Braves, certains de soi, dédaigneux de la vie,
Dont la fougue pourtant se ramasse asservie
À l’ordre et je ne sais à quel rythme commun
Qui les rassemble tous, en exaltant chacun,
Et, les laissant pourtant intactes et vivaces,
Fait un unique élan de toutes leurs audaces.
Il faut que tous ces cœurs, impétueux et forts,
S’étant accoutumés, dans d’incessants efforts.