Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/92

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Alors vient le tonnerre et l’heure expiatrice,
Car il faut qu’un destin préparé s’accomplisse !
Alors, l’âpre voisin, le Barbare surgit,
Le premier incendie à l’horizon rougit,
Et sur ce vain troupeau tout effaré d’alarmes,
Qui ne sait plus comment on ajuste des armes,
Qui s’agite et se cherche en tumultes épars,
Et par moments s’arrête avec des yeux hagards,
Comme des sangliers qui saccagent des seigles,
Des légions aux rangs serrés autour des aigles,
Ou de noirs escadrons aux galops écrasants
Passent — et c’en est fait d’un peuple pour longtemps !


Le Vieillard.

Ah ! cesse de parler ainsi ! car ta parole
Épouvante l’esprit tremblant et le désole,
Comme un souffle mauvais qui noircit un jardin !
Quoi ! toujours redouter ces trompettes d’airain,
Ces fanfares d’orgueil sauvage et de menace !
Quoi ! toujours leur terreur qui hante et qui harasse
Les cœurs, même aux instants de trêve et de repos !
J’ai cru qu’elles sonnaient à travers tes propos !