Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t2, 1906.djvu/94

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Le vaincu méprisé sournoisement haineux,
Et le vainqueur altier et toujours soupçonneux !
Ah ! plutôt l’incertain et sanglant équilibre
De combats renaissants, où chacun reste libre !


Le Vieillard.

Ah ! ne blasphème pas ! ne vante pas le sang !
Ah ! ne prononce pas le propos qui consent
À faire du carnage une loi presque utile !
Ah ! que tes mots d’airain ne ferment pas l’asile
Où nos cœurs indignés et notre espoir tremblant
S’enfuient, hors du spectacle horrible et désolant
Dont le déroulement déshonore le monde !
Ne scelle pas en nous, d’une main furibonde,
À jamais, notre horreur du meurtre illimité !
Ah ! laisse au moins nos cœurs purs de l’impiété
De ne pas concevoir que ce crime ait un terme !


Le Guerrier.

Peux-tu garder, vieillard, un regard assez ferme
Pour venir avec moi jusqu’au bout du chemin ?…