Page:Annales de l’Académie de Mâcon, série 3 tome 63, 1987.djvu/209

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Quand un frisson subit en moi se fit passage,
Et je sentis quelqu’un m’arrêter doucement.
Sur un gazon brodé de roses cinéraires,
Près de là reposait une tête de mort ;
Comme je traversais les funèbres parterres,
Elle avait accroché ma robe par le bord.
Son aspect était bon ; elle semblait me dire
Reste ici, pauvre enfant ! il est stérile et vain
De fatiguer tes pas à voir, pour en sourire,
Le peu qu’une existence enferme dans son sein ;
Sur le sentier pénible où le destin t’envoie,
Chaque instant de plaisir est payé par des pleurs !
La tristesse, ici-bas, l’emporte sur la joie ;
La vie est un néant paré de quelques fleurs.
Ici, plus de chagrin que le deuil éternise,
Et ce signe pieux, qu’à nos tombes tu vois,
Annonce qu’en touchant la terre promise
Chacun dans cet asile a déposé sa croix.
J’entendais ce langage et, toute jeune fille,
Je comprenais la paix et le repos des morts !
Mais tout à coup ma mère apparut à la grille,
Et le soleil pourpré rayonnait au dehors.
Depuis, combien de fois, songeant à cette tête
Que je vis, ce jour-là, blanchir sur le gazon,
J’entendis ses conseils au milieu d’une fête !
Le mort du cimetière, hélas ! avait raison.


Je n’ai aucune compétence pour juger de cet essai poétique, mais malgré la triste philosophie du sujet, il me semble ne pas manquer d’une certaine grâce.

Jusqu’à l’âge de trente ans, Clémence participa à la vie mondaine et intellectuelle de notre ville, son père fut successivement juge de paix puis 1er suppléant du juge au Tribunal du District. On le retrouve aussi, d’après les documents des Archives de Mâcon, membre du Conseil de District, capitaine de la Garde Nationale et il est nommé le 4 Vendémiaire An IV (27 septembre 1795) membre du Directoire départemental. Conseiller municipal en 1828, il siégea jusqu’à sa mort le 5 mars 1829 à l’âge de soixante-seize ans.

Clémence a trente ans ; avec sa mère elle abandonne Mâcon où tant de souvenirs leur rappellent un mari ou un père tant affectionné et elles vont à Paris rejoindre Jean-Baptiste-Henri. Avec le petit héritage qu’elles lui apportent, il peut créer sa propre entreprise dont la notoriété dans l’horlogerie se répandra rapidement. Les débuts sont difficiles et Clémence décide de chercher quelques petits travaux de librairie ou de secrétariat. Son frère avait fait la connaissance chez Bréguet d’un curieux personnage, à la fois industriel, homme de lettres