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annales de la société j. j. rousseau

portrait de Rousseau : « petit maître » sans doute, mais plein de talent et fort apprécié de son temps, que des connaisseurs comme Goncourt avaient su déjà distinguer et comme redécouvrir.

Examinons maintenant le dessin lui-même, en le confrontant à l’occasion avec les textes de Rousseau et en signalant les différences qu’il présente avec la lithographie, qui n’en a d’ailleurs reproduit que l’image symétrique. Houël a représenté Rousseau assis devant la cheminée dans une sorte de cuisine qui lui sert vraisemblablement de salle à manger et de salle de travail, comme la pièce de Montlouis qu’il a décrite dans les Confessions (liv. X) et où il reçut la première visite du Maréchal de Luxembourg ; le mobilier est à peu près le même : la chaise de paille (comme dans le pastel de La Tour, où, au sentiment de Diderot, elle jurait avec le bel habit du modèle) ; les « vieux pots », à savoir, sur une console, une poële, un pot à eau et un plat à barbe ; des livres, des papiiers, un pupitre à musique, sur une table derrière lui, à portée de sa main ; en avant, sur une autre table couverte d’une nappe, une bougie allumée ; près d’un chenet devant la grande cheminée qu’on devine à gauche du dessin, une pelle et des pincettes. Deux personnages tiennent compagnie à Rousseau, ses « animaux bien aimés » : couchée sur les genoux de son maître et s’allongeant vers le foyer, somnole la chatte Minette, dite la Doyenne, qu’il regrettera si vivement d’avoir dû laisser à Montmorency lors de sa fuite, et que recueillera amicalement, après le départ de Thérèse. Mme de Verdelin ; à ses pieds, assis plutôt que couché devant le feu, le chien Duc ou Turc, dont la mort prématurée en juillet 1761