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portrait de rousseau par jean houël

(nous aurons à revenir sur ce point) fut ressentie, non seulement par son maître, mais par ses nobles amis, et qui paraît à plusieurs reprises dans l’œuvre de Rousseau[1]. — Le philosophe est coiffé d’un haut bonnet de nuit, en forme d’écuelle renversée ; il porte des souliers à larges boucles ; il est vêtu d’une robe de chambre, non boutonnée sur la poitrine, et ornées de manchettes plissées dont l’une retombe élégamment autour du poignet on se souvient que Rousseau avoue son amour pour le « beau linge » et qu’il eut peine à renoncer à ce luxe, quand, réformant sa « vie matérielle », il s’astreignit à une mise des plus simple (Conf. viii). Dans la description détaillée — la première, si je ne me trompe — qui fut faite du portrait de Houël par Audigier[2] (Buffenoir la cite, en la déclarant « très exacte »), il est dit que la main, sur laquelle Rousseau appuie sa tête, « paraît longue, élégante et soignée ». Il y a là une petite confusion assez plaisante : en effet, si c’est vrai de la lithographie, sur le dessin les mains font entièrement défaut ; Hoël n’a pas pris le temps de les dessiner et on

  1. Il est question de lui dans une longue notre de la Profession du Vicaire savoyard sur l’instinct. « Il était devenu célèbre au château de Montmorency par son naturel aimant, sensible, et par l’attachement que nous avions l’un pour l’autre », dit Rousseau dans les Confessions (XI, p. 509), avouant « la pusillanimité fort sotte » qui lui avait fait changer Duc en Turc, par crainte d’offenser le bon maréchal. Il était « non beau, mais rare en son espèce ». On sait, par une lettre du maréchal qui, pour consoler son ami, cherchait un remplaçant à Turc (18 février 1762), que Rousseau n’aimait pas les chiens « trop jolis ». Le portrait de cet animal sympathique est plus précis sur le dessin que sur la lithographie et s’accorde parfaitement avec tout ce que nous savons de lui.
  2. Audigier. Les portraits authentiques de Rousseau, in Grande Revue, no oct. 1908.