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portrait de rousseau par jean houël

lité un château, composé de deux ailes réunies par une colonnade à deux étages surmontée d’un fronton décoré de sculptures, et, utilisant habilement les inégalités accentuées du terrain, profitant des sources abondantes qui naissaient dans la propriété, il établit alentour un parc et des jardins, dont les premiers dessins sont faits par Le Nôtre et qui eurent bientôt une grande réputation. Après la mort de Le Brun (1690), ses héritiers vendent le domaine en 1702 au financier Crozat (Crozat le jeune, dit le pauvre pour le distinguer de son frère aîné encore plus riche que lui ; c’est le collectionneur fameux, ami des artistes et protecteur de Watteau), qui l’agrandit encore (le domaine finit par avoir environ 13 hectares) et le transforme il fait reconstruire l’intérieur de la maison de Le Brun, mais en en respectant soigneusement la disposition extérieure et la décoration ; il fait bâtir sur la partie haute du parc par son architecte Cartaud[1] une « grande maison » magnifique, qu’on appellera désormais le grand château ou le Château tout court, dessiner un nouveau parc, et, conservant autant que possible l’ancien parc de Le Nôtre autour du petit château, construire près de celui-ci, sur les dessins de l’architecte Oppenord, une vaste orangerie en forme de croissant, qui bordait le parc le long du chemin de Montmorency à Saint-Denis. Après la mort de Crozat en 1740, l’usufruit de la propriété est vendu, au nom de son petit-fils, le duc de Lauzun, en 1750, moyennant 60.000 livres, au Maréchal de Luxembourg et à la duchesse de Boufflers, née Vil-

  1. On attribuait aussi le grand château à Mansard vers la fin du xviiie siècle, sans plus de fondement, je crois. Je ne vois que Cartaud et Opppenord qui y aient travaillé.