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leroy, qui deviendra la femme du maréchal quelques années plus tard. Après la mort du maréchal, en 1764, la propriété reviendra à Lauzun, qui a d’ailleur épousé la petite fille de la maréchale ; puis elle passe aux Rohan, qui font faillite, enfin à la famille de Lorges, un peu avant la Révolution, et, pendant la Révolution, à un agent de change parisien, nommé Gusedon. A cette époque, le domaine tout entier est en fort mauvais état et a probablement subi déjà quelques modifications (ainsi Dulaure, en 1786, ne parle plus de la cascade qui frappait jusque-là tous les visiteurs). Guesdon fait alors démolir le petit château en mars 1792. Le grand château subsistera jusqu’en 1818, époque à laquelle les créanciers d’un dernier propriétaire, le comte Aldini (qui a essayé de le restaurer et peut-être y a reçu Napoléon) le cède à une « bande noire », des « chaudronniers », comme on disait alors, qui le démolissent complètement, malgré les protestations de la presse et des artistes. De la propriété toute entière qu’avait connue Rousseau, il ne subsiste aujourd’hui, encore reconnaissable malgré bien des mutilations, que l’ancienne orangerie d’Oppernord, transformée en logement d’habitation et cachée au fond d’un grand « lotissement » qui a irrémédiablement défiguré le paysage environnant[1].

Heureusement, les deux châteaux disparus, le

  1. Un château moderne a été construit, il y a une trentaine d’années, non loin de la place où s’élevait le grand château de Crozat, et conserve un assez beau reste de parc, d’aspect touffu et sauvage ; mais il est séparé par des maisons et un boulevard (appelé boulevard de l’Orangerie) de la région où s’élevait le petit château de Le Brun et de Rousseau.