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portrait de rousseau par jean houël

se rebuter des fréquentes rebuffades de Rousseau, qui toujours a pris quelque ombrage de son zèle parfois indiscret et finira par le tenir complètement en défiance, s’est fait pendant la période de Montmorency le factotum du philosophe : comme il habite Paris, il est chargé des commissions ; comme il est employé à la banque Thellusson et Necker, il touche les lettres de change et en apporte le montant ; comme il aime les arts et fréquente les artistes, il s’occupe des illustrations de la Nouvelle Héloïse et fait graver, à son compte et à son profit, mais selon les indications et la direction de Rousseau, la fameuse suite d’estampes de Gravelot. Il est donc tout naturel que Coindet se soit lié avec Houël, qui est de son âge, qui aime, comme lui, le monde et le plaisir, qui est graveur, dessinateur, qui a la curiosité juvénile de connaître les célébrités, et qui devait saisir avec joie l’occasion de se faire présenter à Rousseau. Mais à ces vraisemblances on peut ajouter aujourd’hui des faits positifs : le nom de Houël est inscrit, de la main de Coindet, sur la liste des personnes à qui il entend faire présent de la « Suite d’estampes pour la Nouvelle Héloïse », et, sans doute à cause de sa compétence de graveur, c’est un exemplaire « sans lettre » qui lui est destiné ; bien plus, sur une liste dressée par Rousseau lui-même pour l’envoi gracieux de l’Emile et qui s’est retrouvée en tête du Manuscrit Favre, figure aussi le nom de Houël (Annales de la Soc. J.-J. R., VIII, 239 et X, 218)[1]. La réa-

    « Je voudrais bien vous aimer » ; « je finirai par vous aimer » ; je vous aime l’hiver et je vous hais l’été » ; etc…

  1. L.-J. Courtois (art. cité, Mélanges Bouvier (1920), p. 109-111) écrit : « L’ami de Coindet (Houël) plut à Jean-Jacques, preuve en soit l’hommage d’un exemplaire de la Julie (Annales de la