Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Avant l’apparition de la brochure révélatrice un libelle manuscrit avait circulé, que l’on disait de récriture de Wagnière. Nous en devons la connaissance à Gaston Maugras[1], qui n’indique pas sa source et ne l’a pas reproduit en entier. Après avoir relevé les passages des Lettres écrites de la Montagne contre la religion, les pasteurs et les magistrats[2], l’auteur anonyme terminait ainsi :

« On dit que le Conseil… punira avec toute la sévérité des lois… un blasphémateur séditieux… qui veut bouleverser sa patrie en se disant citoyen.

« On dit que le Conseil engagera aisément le corps des pasteurs à faire la représentation la plus forte…

« On dit que les meilleurs citoyens pourront élever leur voix et demander justice au Conseil.

« On dit que le Conseil, appuyé de ces bons citoyens et de tous les pasteurs, pourra déployer alors sa justice en pleine liberté…

« On dit qu’il nommera sagement des commissaires qui ne rendront compte de l’ouvrage séditieux qu’après la nouvelle élection[3], ce qui servira sans doute à réunir toutes les voix du Conseil et à leur faire prononcer un jugement qui mette fin à l’audace d’un scélérat ».

Deux mois après le Sentiment des Citoyens paraissait une nouvelle brochure de 8 pages, Sentiment des Jurisconsultes et quelques jours plus tard une autre de 6 pages, intitulée Le Préservatif, toutes deux da-

  1. Querelles de philosophes. Voltaire et J.-J. Rousseau, Paris, 1886, in-8, p. 370.
  2. Sur les 13 passages incriminés, 7 le sont également dans le Sentiment des Citoyens.
  3. L’élection des Syndics devait avoir lieu le 6 janvier 1765.