Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 1.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 70 —

réfléchit à l’influence d’une longue culture sur la plupart des végétaux, on peut supposer, avec assez d’apparence, que le type primitif, trouvé en Arménie, ne diffère pas de celui du Népaul. Il serait intéressant de chercher à résoudre cette question au moyen de semis de cette dernière espèce. D’un autre côté, sir Alexandre Burns, cet intrépide voyageur anglais, qui parcourut l’Asie centrale dans toute son étendue, depuis Calcutta jusqu’à Teheran et le pays des Turcomans, en passant par Lahore, le Caboul, le Kandahar, etc., rapporte avoir vu l’abricotier dans plusieurs de ces contrées. Dans les vastes ruines de Balk, il a vu et mangé des abricots d’une beauté et d’un parfum supérieurs aux variétés cultivées en Europe. À Herat, dans un climat où cependant le froid est souvent plus intense, il reconnut encore que ce fruit est supérieur à ceux dont on fait le plus de cas en Angleterre.

L’abricotier, arbre de moyenne grandeur, s’élève peu et présente beaucoup d’analogie avec le prunier et le pêcher, sur lesquels on peut le greffer. De même que ce dernier, il forme des boutons à fruits en une seule séve ; il a des yeux simples, doubles, triples et même rassemblés par groupes beaucoup plus nombreux. Son bois est lisse, ordinairement brun rougeâtre du côté du soleil ; les feuilles sont alternes, cordiformes, plus ou moins grandes, pointues et dentées, suivant la variété ; leur pétiole faible, assez long, soutient mal la feuille.

Les fleurs sont composées d’un calice, de cinq pétales blancs creusés en cuiller, de 20 à 30 étamines et d’un pistil qui repose sur l’ovaire. Celui-ci devient un fruit arrondi ou ovale, charnu, divisé dans le sens de sa hauteur par une rainure et attaché à l’arbre par un pédoncule très-court, placé dans une cavité assez profonde.

La peau qui recouvre l’abricot est mince, adhérente à la chair, très-peu velue ; le centre est occupé par un noyau dur, ligneux, renflé vers le milieu, aplati sur les bords, relevé sur un des côtés par des arêtes saillantes, et contenant une amande composée de deux lobes, dont le germe est à la pointe. Le noyau de ce fruit se détache bien de la chair.

L’abricotier, transplanté depuis si longtemps dans nos climats du Nord, continue à se ressentir de son origine méridionale : il devance les autres arbres fruitiers, et ses fleurs s’ouvrent aux premiers rayons du soleil printanier. Cette floraison précoce compromet fréquemment la production, qui, dans ce genre de fruit, est très-chanceuse.

Les abricots cultivés en haut-vent sont, comme on sait, d’une qualité supérieure à ceux que l’on récolte sur des espaliers ; mais ils sont plus exposés aux effets des gelées tardives, et ne donnent des résultats convenables que dans des positions exceptionnelles, par exemple, des cours abritées. Dans les jardins exposés aux vents du nord ou de l’ouest, nous en avons connu qui, pendant douze à quinze ans, n’ont donné aucun fruit.

On peut invoquer un autre motif contre la culture de l’abricotier en haut-vent, c’est que cet arbre exige, comme le pêcher, une taille suivie, afin d’obtenir du jeune bois, et de maintenir le centre bien garni de rameaux à fruit. Si on le néglige sous ce rapport, on voit de longues branches se dénuder entièrement et présenter le plus triste aspect.

Ces divers inconvénients font donner, en Belgique, la préférence à la culture en espalier.

Les amateurs qui possèdent des situations favorables et abritées peuvent cultiver l’abricotier en pyramide, mais cette forme offre des difficultés. Celle en vase ou buisson, si souvent appliquée en France aux fruits à pepins, paraîtrait convenir assez à l’abricotier, à en juger par l’essai que nous suivons depuis trois ans.

Il est d’usage de placer les abricotiers en espalier au midi ou au levant ; ce sont les meilleures expositions sous quelques rapports, mais on trouvera un avantage réel à en planter également à l’ouest et au nord : c’est le moyen de mieux assurer et de prolonger la production. Depuis vingt ans, nous avons garni de cette manière un mur exposé au nord-est ; ces abricotiers nous procurent des récoltes aussi abondantes que régulières ; et il arrive parfois qu’ils portent encore des fruits à la fin de septembre et dans les premiers jours d’octobre.

Si l’on choisit dans ce but des variétés de premier ordre, un peu tardives, telles que l’abricot de Nancy et celui de Moulins, les résultats n’en souffriront pas ; car, même au nord, ces variétés sont bonnes. Ce mode de culture était déjà recommandé il y a deux siècles par Merlet, qui s’exprime ainsi :