Page:Annales de pomologie belge et étrangère - 1.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Pour en avoir toutes les années, il faut en mettre des arbres à toutes les expositions ; celle du nord donne, le fruit plus tardif et moins coloré, qui est le plus propre à faire des confitures, et comme cette exposition est froide, la fleur, plus tardive presque d’un mois, paraît quand les frimas sont passés, qui ont souvent perdu et gâté les fleurs exposées en plein midi. »

Ce précepte de Merlet offre aussi l’avantage de prolonger la saison de chaque variété, en retardant l’époque de la maturité. Si le vent du nord menace de la gelée au moment de la floraison de l’abricotier, on le garantit au moyen d’abris, tels que paillassons, toiles, etc. Nous aimons néanmoins tout autant les garnir de branches de genêts ou autres ramilles, ce qui donne un résultat analogue et laisse circuler l’air dans les branches. L’essentiel est d’empêcher les rayons solaires de frapper trop brusquement sur le givre qui reste attaché aux branches le matin.

Parfois, les fruits nouent en si grande abondance, qu’il est nécessaire d’en abattre une bonne partie dès qu’ils atteignent le volume d’une grosse noisette ; si l’on néglige cette précaution, les abricots restent petits, sans saveur, et l’arbre est compromis.

La saison de ce fruit commence au mois de juillet et se prolonge jusqu’en septembre pour quelques variétés. La maturité s’annonce par le changement de couleur, qui commence par le côté exposé au soleil : on s’assure si les autres parties du fruit ont également jauni. L’abricot ne s’améliore pas au fruitier, comme la pêche. Si l’on compare entre eux ces deux fruits, le dernier obtiendra souvent la prééminence, mais l’abricot présente l’immense avantage de se prêter à un grand nombre d’usages économiques, et de fournir d’amples ressources à l’art du confiseur et du pâtissier. Les marmelades et autres conserves d’abricots, tant sèches que liquides, sont des plus recherchées. C’est une véritable calamité pour le commerce et les amateurs quand ce fruit manque complétement ; il serait donc avantageux de cultiver l’abricotier en grand, et dans les conditions les plus propres à en assurer les récoltes.

Cet arbre prospère dans tous les terrains ; toutefois, il préfère un sol meuble un peu léger ou sablonneux. On le multiplie par semis, moyen qu’il conviendrait d’employer davantage, afin d’obtenir des variétés rustiques ou mieux acclimatées. Les noyaux doivent être stratifiés avant d’être semés ; on les place en terre à environ deux pouces de profondeur. Si le semis se fait à l’automne, il est prudent de le couvrir de feuilles ou d’un paillis.

Les variétés existantes se multiplient par la greffe en écusson, sur le prunier de Damas. En France, on emploie aussi l’amandier et le prunier de Saint-Julien ; mais ces derniers plants conviennent peu en Belgique, où ils seraient trop exposés, lorsque l’hiver est rigoureux. Depuis quelques années, on emploie avec succès dans les pépinières royales de Vilvorde, le prunier Myrobolan, qui donne des sujets plus rustiques et moins sujets à la gomme.

On peut aussi se servir de la greffe en fente pour l’abricotier ; nous en avons fait un excellent usage pour rabattre des arbres dont le fruit ne convenait pas. Il faut avoir soin, alors, de couper les rameaux en janvier, et de s’en servir aussitôt que la température le permet, c’est-à-dire vers la fin de février, quelquefois même plus tôt.

Nous terminerons cet article en indiquant, d’après l’un de nos collègues, d’excellents principes sur la conduite de cet arbre[1].

« On taille l’abricotier, quant aux branches de la charpente, d’après les mêmes principes que le pêcher, sur lequel il a l’avantage de repousser bien plus parfaitement du vieux bois. Il faut le tailler de bonne heure, et surtout avant l’épanouissement des fleurs. Il importe de répartir exactement la séve dans toutes les parties de la charpente, et de la débarrasser du bois mort, en coupant dans le vif bien au-dessous du point où elle s’arrête, parce qu’elle a une tendance à descendre assez rapidement de proche en proche. Il est utile de couvrir chaque coup, de cire à greffer. Le pincement et l’ébourgeonnement très-suivis évitent la multiplicité des amputations à la taille, ce qui est une bonne chose. Les branches charpentières doivent être plus rapprochées que dans le pêcher, parce que les branches fruitières des arêtes prennent moins de développement.

  1. Traité théorique et pratique de la taille des arbres fruitiers, etc, par L. de Bavay.