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» L’ébourgeonnement doit porter essentiellement sur les bourgeons doubles et triples. Le pincement doit se faire soigneusement sur les deux ou trois bourgeons qui avoisinent de plus près le terminal de chaque rameau. Ce pincement les met ordinairement à fruits pour l’année suivante ; mais son principal but est d’empêcher que leurs yeux terminaux se convertissent en petites brindilles de 5 à 15 centimètres de longueur et qui se garnissent d’yeux et de boutons. Ces brindilles, qui se forment dans les abricotiers vigoureux vers la fin de juillet, n’ont pas le temps de s’aoûter et périssent pendant l’hiver. Il en résulte que l’arbre se dénude dans sa partie supérieure.

» Dans l’abricotier, il n’est pas question, pour les branches à fruits, de l’opération du remplacement. Elles fructifient plusieurs fois, mais il ne faut pas attendre qu’elles cessent de pousser, pour les rapprocher sur un œil à bois près de leur insertion.

» Au reste, il est difficile d’obtenir de l’abricotier une régularité de forme pareille à celle qu’on donne au pêcher, son bois poussant peu parfois et rarement droit. Le palissage doit tendre à le redresser le plus possible, ce qui facilite la circulation de la séve, et prévient d’autant mieux l’envahissement de la gomme. Nous avons dit que l’abricotier reperce facilement sur le vieux bois ; aussi obtient-on à volonté de jeunes rameaux pour renouveler, au besoin, les branches qui succombent. Cette faculté concourt encore à lui assurer une longue existence, que l’on prolonge par plusieurs ravalements et recepages. »


Abricot-pêche ou de Nancy.

Cette variété mérite la première place dans nos Annales, car il n’en est pas de plus méritante : partout elle est cultivée avec une prédilection bien connue, et depuis Duhamel, qui la donne également pour la meilleure du genre, aucune variété nouvelle ne l’a remplacée dans l’estime des amateurs. Son volume surpasse celui de l’abricot commun ; sa forme, un peu aplatie et irrégulière, le rend très-reconnaissable ; sa peau, d’un jaune foncé fauve du côté du soleil, est ordinairement marbrée de points rouges, très-multipliés quand le fruit est exposé au midi ou récolté sur un plein-vent.

La queue est courte et placée dans une cavité peu profonde, d’où part une rainure moins prononcée que dans les autres variétés.

La chair, très-fondante, est d’un jaune tirant sur le rouge orange, surtout à l’état de maturité parfaite ; l’eau est abondante, sucrée, relevée et parfumée d’un goût particulier.

Le noyau est gros, aplati, assez raboteux, bordé d’un côté par trois arêtes saillantes ; de l’autre, par une rainure entièrement creuse et qui peut être traversée au moyen d’une aiguille.

L’arbre est vigoureux ; ses bourgeons sont gros, forts, rouges-bruns du côté du soleil, verts et tiquetés de points gris du côté de l’ombre.

Les boutons sont gros, courts et larges à la base, triples et souvent réunis par groupes.

Les feuilles sont larges, arrondies vers la queue et terminées en pointe ; leur pétiole est assez long, faible, et supporte mal le poids de la feuille ; ce qui donne à cet arbre un aspect particulier et fatigué.

Cet excellent fruit mûrit ordinairement du 15 au 30 août ; il est facile d’en prolonger la jouissance jusqu’aux derniers jours du mois de septembre, en cultivant l’arbre au couchant et au nord. Nous en avons parfois récolté dans les premiers jours du mois d’octobre.

On cultive l’abricot-pêche en espalier et en plein-vent, quand on peut le garantir des vents du nord. Cette variété se reproduit assez identiquement de noyau.

A. Royer.