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arrondi, d’un beau rouge. Les fraisiers écarlates constituent le quatrième groupe ; leur type est originaire de la Virginie. Le feuillage en est grand, vert glauque ; les fleurs sont petites ou moyennes, et le fruit, ordinairement moyen, est écarlate, plus hâtif que les fraisiers des autres groupes. Cinquième groupe, les fraisiers ananas, dont le feuillage est très-grand, et dont les folioles sont plus larges que dans ceux du groupe précédent ; les fleurs en sont grandes et le fruit en est gros, rond ou oblong, d’un rouge variable et blanc. Sixième groupe, les fraisiers du Chili, à feuillage soyeux, peu élevé, à fleurs très-grandes et à fruit se redressant pour mûrir.

La terre qui convient généralement aux fraisiers est une terre un peu légère, douce, substantielle et chaude, rendue très-meuble par le labour, et engraissée par du terreau de fumier consommé. Ils préfèrent l’eau de l’arrosoir à celle de la pluie et à une humidité inhérente au sol. On les multiplie de semis, de filets ou coulants, et par éclats enracinés des variétés qui, comme le fraisier Desportes, en sont dépourvues.

Le semis, qui a pour but l’obtention de nouvelles variétés, se fait en pleine terre convenablement amendée, soit au printemps, soit au mois de juin, dès qu’on a des graines mûres. On nivelle bien la terre, puis on la bassine ; on jette ensuite à la volée la graine mêlée avec autant de terre de bruyère. On tamise, au-dessus de la planche semée, du terreau fin ou de la terre de bruyère, de manière que la graine soit couverte d’une couche très-mince. On étend sur le semis des paillassons pour le garantir du soleil et de l’action desséchante du vent. Jusqu’au moment où la graine lève, ce qui exige quinze ou dix-huit jours, on a soin de bassiner assez souvent pour entretenir une humidité constante et favorable. Six semaines ou deux mois après la levée, on peut repiquer le plant en pépinière ou en place.

La graine doit être prise sur les plus belles fraises qu’on laisse bien mûrir ; on les écrase et on les lave plusieurs fois dans l’eau, jusqu’à ce que la semence soit suffisamment nette. Si l’on sème en juin, on emploie les graines dans cet état ; si l’on sème au printemps, on les fait sécher complétement pour les conserver jusqu’à cette époque.

Dans la culture ordinaire des fraisiers, les plantes restent trois ans en place : la première année, pour qu’ils prennent une force et un développement favorables à une abondante fructification, et la deuxième et la troisième année, pour qu’on jouisse de leurs fruits, qui sont toujours plus médiocres dans la dernière période. Après cette sorte d’assolement, on arrache les fraisiers, et pour établir une autre culture sur la planche débarrassée et singulièrement épuisée, on la travaille, on la fume copieusement et le plus souvent même on lui accorde un repos de six mois au moins.

Voici une nouvelle méthode plus sûre, et par laquelle le terrain n’est occupé que pendant un an, ce qui permet de le consacrer immédiatement à d’autres plantes, sans qu’il soit nécessaire de le fumer, parce qu’il n’est pas épuisé. D’abord, il faut, au mois d’avril, placer entre les rangs d’une planche de fraisiers cultivés selon l’ancien mode, et après qu’ils ont été binés et sarclés, des pots remplis de bonne terre bien préparée, en nombre égal à celui des touffes de fraisiers. Ces pots ont un diamètre de 10 centimètres et sont enterrés jusqu’au bord. Lorsque les vieux pieds poussent un premier filet qui montre un nœud, on dirige ce filet sur le pot le plus voisin de son point de départ, et l’on fixe le nœud au milieu, à l’aide d’une petite fourchette en bois piquée dans la terre. Ce coulant développe un nouveau fraisier qui s’enracine, et lorsqu’il l’est suffisamment, on le sèvre en coupant la tige qui l’unit au pied mère. On supprime, par le même moyen, tous les filets qui voudraient se former au sommet de ce coulant, et tous ceux qui se développeraient sur les anciens pieds au détriment de leur force et de leur fructification. On paille à l’ordinaire pour maintenir la fraîcheur et l’on arrose au besoin. Aucun autre soin n’est nécessaire jusqu’au mois d’octobre, époque où l’on procède à la plantation des nouveaux fraisiers, qui ne devront occuper la place que jusqu’au mois d’octobre de l’année suivante, et donner, pendant ce temps, une récolte abondante.

Sur une planche convenablement travaillée à la bêche, fumée, nivelée et large d’un mètre, on trace quatre lignes à 25 centimètres l’une de l’autre, et les deux extérieures distantes chacune de 12 ½ centimètres de leur bord. On fait, avec une bêche étroite, des trous à 33 centimètres d’intervalle et en quinconce. C’est dans ces trous qu’on plante les jeunes fraisiers élevés en pots, après les avoir dépotés. Ce jeune plant, provenant du