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EGYPT

le 3 juillet 1861 la Banque de France ouvrait ses caisses, et le public voyait reparaitre avec profusion les pièces de cinq francs. Cependant, les conclusions de M. Horn furent contestées dans la Société d’Économie politique. M. Andre Cochut exprima l’opinion que le retour des pièces de cinq francs n’était qu’un phénomène accidentel et transitoire, dû à une opération de la Banque. L’argent étant revenu à peu près au prix de l’or, la Banque de France a profité de cette occasion pour transformer son encaisse. Ledebat pouvait porter seulement sur les causes qui avaient ramené l’argent au pair, Suivant M. Cochut elles étaient tout accidentelles et provenaient principalement des payements imposes aux Chinois et aux Marocains comme contributions de guerre, d’un envoi extraordinaire d’argent du Mexique, de la suspension des envois d’or de la Californie par suite de la guerre d’Amérique, d’expéditions d’or aux États-Unis en échange de colon, et de la mesure beige qui a rendu le cours légal aux pièces de 20 fr. françaises. Les chiffres d’importation et d’exportation des métaux précieux, cites par M. Horn, semblaient prouver au contraire que le nouveau rapport entre l’or et l’argent provenait de causes plus générales. L’avenir pourra seul résoudre ce problème.

La seconde question était posée ainsi : Les corporations doivent-elles avoir le droit de propriété ? Nous avons été heureux de voir que sur ce point la plupart des économistes ont été fidèles à leurs principes, et, qu’admettant la liberté et le droit de l’individu d’user de sa propriété comme il l’entend, ils lui accordent aussi le droit de la mettre en commun, s’il le juge convenable. M. Garbe, M. Horn, M. Joseph Garnier ont parie dans ce ce sens. C’est en effet la crainte qu’inspirent à beaucoup de personnes les associations religieuses et les richesses qu’elles pourraient acqu6rir, qui seule peut faire pencher vers la solution contraire ; et certainement tout préjugé anti-religieux à part, il ne serait pas avantageux au point de vue économique que des associations religieuses ou de bienfaisance immobilisassent entre leurs mains une grande partie de la propriété foncière. Aussi admettrions-nous volontiers une solution moyenne analogue à celle qu’a proposée M. Clamageran. Ce publiciste demande qu’on ne reconnaisse aux associations que la propriété des biens meubles et immeubles nécessaires à l’accomplissement de leur œuvre et appropriés à cette destination, par exemple, s’il s’agit d’une corporation religieuse les lieux de culte et leurs accessoires, et qu’on leur interdise déposséder aucuns biens meubles ou immeubles susceptibles de produire des revenus perpétuels. Nous irions même plus loin et ne soumettrions à aucune restriction légale leur propriété mobilière, que la loi parvient difficilement d’ailleurs & saisir. Mais quant à la propriété immobilière nous pensons que tous les intérêts seraient sauvegardes par un arrangement pareil à celui que propose M. Clamageran.

Le congrès des économistes allemands s’est tenu a Stuttgard le 9 septembre et les jours suivants. Les discussions qui y ont eu lieu ont présenté peu d’intérêt général. Le seul fait remarquable, c’est que dans deux votes du congrès, habituellement libre-échangiste, les protectionnistes ont eu la majorité. A. Ott.


EtxYPTE. — Vice-roi, Mohammed-SaId-Pa- cha, le dernier survivant des fils de Mehemet-Ali; ila succede en 1854 a son neveu Abbas-Pacha, fils de Toussoun et petit-fils de Meiieniet-Ali, — Con- sul general de France a Alexandrie, M. Beclard. — Consul de France au Caire, M. Delaporte. En dehors de la question financiere, dont nous parlerons plus loin et des travaux operas sur l’isthme (voy. Sdez), Thistoire de l’figypte n’a presente dans les douze derniers mois qu’un petit nombre de faits saillants. II faut mentionner au premier rang, Tabolition des peines corporelles que le vice-roi, par an decret du 26 juin 1861, a ordonnee, dans toule l’étendue de Tfigypte. Cette mesure, qui s’applique a la fois aux soldats, aux marins et aux fellahs, c’est-a-dire a la masse de la population, a du etre mise en vigueur a partir du 1" jour de I’annge turque, correspondant au 9 juillet. EspSrons qu’elle ne restera pas lettre morte. A la meme epoque (25 juin), Abd-ul-Medjid mourait, laissant le trdne a- son frere Abd-ul-Aziz. Le vice-roi resolut de se rendre a Constantinople pour rendre hommage au nouveau sultan; mais il avait a pourvoir d’abord a differentes reformes qu’il voulait introduire dans Tadministration, pour faire face a un deficit qui s’accrolt d’annee en an- nde. On ne parlait au Caire que d’economies ; on voulait economiser sur tout; on opera, en effet, des reductions dans Farmee, on en fit dans le per- sonnel de Finstruction publique, ce qui etait fa- cheux, et dans le corps des inge*nieurs au moment ou se pre*parait la grande crue du Nil. En defini- tive, le prince dut partir pour Constantinople avant d’avoir trouve le moyen de retablir ses finances obexes. Il y recut un accueil empress^, et le 22 septembre il etait de retour a Alexandrie. M. de Lesseps a cons’acre* plusieurs paragraphes a F^gypte, dans le beau rapport qu’il a lu le l er mai 1862 a Fassembiee generate des action- naires du canal de Suez. Il a embrasse" dans une vue generate les resultats de I’administration du vice-roi, et a fait de son regne un tableau ma- gnifique, mais sans doute un peu flatted VAnnuaire n’a pas de parti pris, et si nous avons critique sur plus d’un point Tadministration du vice-roi, Tim- partialite nous fait un devoir de ne pas ^carter 1 opinion de ceux qui Font plus favorablement juge"e. Au moment ou Mohammed-Said parvint au pou- voir, dit M. de Lesseps, TBgyple n’etail qu’une vaste ferme, exploited par le gouvernement. Mailre