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ROMAN DE FLORENCE DE ROME


Et li coers de son ventre moult fort li embrazoit ;
Car, quant li cose est chiere, bien avenir on voit
1460fol. 217 v°C’on le desire plus, se pour riens on l’amoit.
Mais on dist bien souvent un langhage de droit :
« Qui ne fait quant il poelt ne fait quant il volroit,
Et qui couvoitte plus que couvoittier ne doit,
En le fin grandement dechets il se voit. »
1465Enssi sera Millons, qui moult se repentoit
De che que la puchielle escondit il avoit ;
Plus en estait en grans asséz qu’il ne moustroit.
Il jure Jhesucris, qui moru a destroit,
Que, s’il poet esploittier, Esmeret traÿroit,
1470Et dist que nul samblant enviers lui n’en feroit,
Ains visera de faire ce que son coer penssoit
Et de traÿr son frere, qui loyaument l’amoit.
A tant es Esmeréz qui de court rapairoit,
O lui quatre escuiiers, dont cascuns l’onnouroit.
1475Quant Millez l’a veü, contre lui se levoit :
« Empererez », dist il, « bien vingniés chi endroit !
Lyés sui de vostre bien. Jhesus loés en soit !
Car sachiés c’a la bielle mon corps point ne penssoit,
Et si vous dy pour vray : cascuns le me donnoit,
1480Mais je le refusay, pour che c’on me disoit
Que par amours l’amiés et elle vous amoit ;
J’ain moult l’onneur pour vous, et Dieus le vous ottroit ! »


XLVII[1]

Moult fu Esmeréz liés, quant le sien frere oÿ,
Cuida que che fust voirs, si l’en tient a amy
1485Et l’en rendi asséz et grasces et mierchi.
Milles par faussetté l’assist d’encoste lui
Et il a dit : « Biaus frerez, or ne m’aiiés menty !
Quant espouserés vous la bielle au corps joli ?

    1462 f. ne q. il v. — 1466 il lauoit — 1467 que il — 1469 esm. le — 1472 de le trayson fr. — 1478 que la.