Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/52

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— Ce n’est pas que je sois embarrassé pour le faire moi-même, reprit le gamin ; mais je craindrais de me mettre en querelle avec le dictionnaire de l’Académie.

— C’est bien, dit M. Harrison, en s’asseyant devant un bureau. Dicte-moi ce que tu veux dire.

— Attendez un peu, fit le gamin. Il faut que je recueille mes idées. Supposez que je vous dise l’affaire en gros. Vous pourriez ensuite arranger le style.

— C’est cela, Joe, je me charge des fioritures.

— Cher monsieur, fit Joe, dictant, j’ai une grosse affaire pour un avocat à qui elle conviendrait. Il s’agit d’un demi million de piastres, et il y aurait une belle commission. Si vous êtes disposé à vous en charger, écrivez-le moi de suite et fixez-moi un rendez-vous.

— Et où faudra-t-il que ce monsieur te réponde ? demanda M. Harrison.

— Ne vous inquiétez pas de cela, mon nom suffit. Tous les facteurs de la poste me connaissent, car j’ai une correspondance très étendue. Il suffit d’écrire à Joseph Briquet, Montréal.

— Alors, que mettrais-je sur l’enveloppe ? reprit Harrison d’un ton interrogateur.

— C’est inutile, fit Joe. Je craindrais d’abuser de votre complaisance.

— Ne te met pas en peine de cela ; je suis à ta disposition.

— Non, vraiment, j’aurais peur d’être indiscret. Je mettrai l’adresse moi-même.

Il était évident que Joe n’avait aucune envie de faire connaître, ce jour là, le nom de son correspondant.

— J’espère, ajouta-t-il, que vous ne direz pas que je vous ai extorqué de l’argent sous de faux prétextes.

— Je ne vois pas que, jusqu’à présent, tu aies fait grand chose pour le gagner, interrompit aigrement M. Parry.

— Ah ! fit Joe, d’un ton surpris, il paraît qu’il vous faut quelque chose de plus. Alors je vais encore vous ouvrir une piste.