lement faim qu’il ne laissa pas de manger toute la soupe. Cependant le cordonnier rentra, et demanda au paysan s’il avait trouvé la soupe bonne. Le paysan répondit qu’elle était bonne, mais qu’elle avait un arrière-goût comme de souliers neufs ; puis il s’en alla. Le cordonnier se mit à rire, et demanda à Ulespiègle avec quoi il avait fait cette soupe. Ulespiègle répondit : « Vous m’avez dit que je prenne ce que j’aurais ; comme il n’y avait pas de graisse dans le garde-manger, j’ai pris de l’huile de poisson. – C’est bien, dit le cordonnier ; c’est assez bon pour des paysans. »
CHAPITRE XLV.
d’Ulespiègle, et comment sa fenêtre
fut enfoncée.
l y avait à Brunswick, sur le marché au charbon, un bottier nommé Christophe. Ulespiègle alla
chez lui pour faire graisser ses bottes, et lui dit :
« Maître, voulez-vous m’accommoder ces bottes avec
du lard, que je puisse les avoir lundi ? – Volontiers »,
répondit le bottier. Ulespiègle sortit sans songer à
mal. Quand il fut parti, le garçon dit : « Maître, c’est
Ulespiègle, qui fait tant de malices à tout le monde.
Si vous lui commandiez ce qu’il vous a commandé, il
ne manquerait pas de le faire. – Que m’a-t-il donc
commandé ? dit le maître. – Il vous a dit, répondit