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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

pour se moquer de lui, et lui dit : « Viens demain, à midi, dîner avec moi, si tu peux. » Ulespiègle accepta sans se douter de la malice, et le lendemain il se mit en route pour aller dîner chez le facteur. Quand il fut devant la porte, il vit qu’elle était fermée ainsi que les fenêtres. Il passa et repassa devant la porte deux ou trois fois. Il se faisait tard et la porte restait toujours fermée. Il comprit qu’on l’avait trompé ; il s’en alla sans rien dire, et attendit. Le lendemain il alla trouver le facteur au marché, et lui dit : « Hé ! brave homme ! est-ce votre habitude, quand vous invitez les gens, de vous en aller hors de chez vous et de fermer votre porte ? – N’as-tu pas entendu, dit le facteur, comment je t’ai invité ? Je t’ai dit : Viens demain, à midi, dîner avec moi, si tu peux ; tu as trouvé la porte fermée, et tu n’as pas pu entrer. – Merci ! dit Ulespiègle, je ne connaissais pas encore celle-là. J’apprends encore tous les jours. » Le facteur se mit à rire et lui dit : « Je ne veux pas te tromper : va maintenant à la maison, la porte est ouverte, tu trouveras devant le feu bouilli et rôti. Va devant ; je te suis. Tu seras seul ; je ne veux d’hôte que toi. » Ulespiègle accepta ; il s’en alla promptement chez le facteur et trouva qu’il avait dit vrai. La servante tournait la broche et la dame mettait le couvert. Ulespiègle entra et dit à la dame de courir au marché avec sa servante ; qu’on avait donné à son mari un gros poisson, un esturgeon ; qu’il fallait aller l’aider à l’apporter, et qu’il tournerait le rôti en attendant. La dame lui dit : « Faites cela, mon cher Ulespiègle ; je