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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

vais avec la servante et nous reviendrons tout de suite. – Allez vite, » dit Ulespiègle. La dame et la servante s’en allèrent au marché, et le facteur, qui s’en revenait, les rencontra et leur demanda ce qu’elles avaient à courir. Elles dirent qu’Ulespiègle était venu à la maison, et avait dit qu’on avait donné au facteur un gros esturgeon, et qu’elles aillent l’aider à l’apporter. Le facteur se mit en colère et dit à sa femme : « Ne pouvais-tu rester à la maison ? Il n’a pas fait cela pour rien ; il y a quelque malice là-dessous. » Pendant ce temps Ulespiègle avait fermé la maison du haut en bas, portes et fenêtres ; quand le facteur, sa femme et sa servante arrivèrent, ils trouvèrent la porte fermée. Le facteur dit à sa femme : « Tu vois bien maintenant quel esturgeon tu es venue chercher ! » Ils frappèrent à la porte. Ulespiègle s’approcha de la porte et leur dit : « Cessez de frapper ; je ne laisserai entrer personne, car le maître de la maison m’a dit que je serais seul, et qu’il ne voulait pas avoir d’autre hôte que moi. Allez-vous-en et revenez après dîner. – C’est vrai, dit le facteur, j’ai dit ainsi, mais je l’entendais autrement. Laissons-le manger ; je lui ferai une malice pour me venger. » Il s’en alla avec sa femme et sa servante chez un voisin, et ils attendirent qu’Ulespiègle eût fini. Ulespiègle prépara le dîner, se mit à table et mangea copieusement ; puis il se leva de table et s’assit tranquillement, et resta ainsi tant qu’il voulut. Ensuite il ouvrit la porte, et le facteur entra avec sa femme et sa servante, et lui dit : « Ce