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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

lui dit : « Monsieur le curé, voulez-vous faire une bonne action ? Mon hôte est depuis cette nuit possédé du diable, et je viens vous prier de l’exorciser. – Volontiers, dit le curé ; mais il faut que j’attende un jour ou deux. Il ne faut pas trop se hâter en ces matières. – Je vais aller chercher sa femme, dit Ulespiègle, pour que vous le lui disiez à elle-même. – Oui, dit le curé, faites-la venir. » Ulespiègle retourna chez son hôte et lui dit : « Je vous ai trouvé un répondant ; c’est votre curé, qui vous promettra de vous donner ce qu’il vous faut. Envoyez votre femme avec moi, il le lui dira. » L’aubergiste accepta avec joie et envoya sa femme avec Ulespiègle auprès du curé. Ulespiègle dit : « Monsieur le curé, voici la femme, dites-lui ce que vous m’avez promis. » Le curé dit : « Oui, ma chère dame ; attendez un jour ou deux, et je me charge de la chose. » La femme fut contente. Elle s’en retourna avec Ulespiègle et dit cela à son mari, qui en fut joyeux et laissa partir les aveugles et les tint quittes. Ulespiègle monta à cheval et s’en alla. Le troisième jour, la femme alla trouver le curé et lui rappela sa promesse relativement aux douze florins que les aveugles avaient dépensés. Le curé lui dit : « Chère dame, est-ce là ce que votre mari vous a dit ? – Oui. – C’est le propre des mauvais esprits de vouloir avoir de l’argent. – Il ne s’agit pas de mauvais esprits, dit la femme ; payez-lui la dépense. – On m’a dit, répliqua le curé, que votre mari était possédé du diable. Amenez-le moi ; je l’en délivrerai, avec l’aide