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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

tations ; il invita celui de ses voisins chez qui logeait Ulespiègle, ainsi que ses hôtes, mais il en excepta Ulespiègle, qu’il regardait comme un jongleur et un joueur, car il n’avait pas habitude d’inviter de pareilles gens. Les voisins qu’il avait invités allèrent chez cet homme, ainsi que leurs hôtes, comme il les en avait priés. L’hôte d’Ulespiègle y alla aussi, avec ceux qui logeaient chez lui, et dit à Ulespiègle comment ce richard le regardait comme un jongleur et un joueur, ce qui faisait qu’il ne l’avait pas invité. Ulespiègle parut satisfait ; mais intérieurement il était vexé de se voir ainsi méprisé, et il se dit : « Si je suis un jongleur, je lui ferai quelque jonglerie. » Bientôt arriva le jour de la saint Martin, qui avait été fixé pour le festin. Le richard réunit ses hôtes dans une riche salle où le festin devait avoir lieu, et qui n’était séparée que par un mur de la chambre qu’habitait Ulespiègle. Comme ils furent à table, et tous de joyeuse humeur, Ulespiègle fit un trou dans la muraille qui séparait sa chambre de la salle du festin, prit un soufflet, le remplit de ses excréments, et se mit à souffler dans la salle par le trou qu’il avait fait. Cela sentait si mauvais que personne ne pouvait rester en place. Les convives se regardaient l’un l’autre ; le premier pensait que c’était le second qui produisait cette mauvaise odeur ; le second soupçonnait le troisième, et ainsi de suite. Cependant le soufflet allait toujours, si bien que les convives furent contraints de se lever, ne pouvant supporter la puanteur plus longtemps. Ils cherchèrent sous