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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

les bancs, retournèrent tout dans tous les coins, mais sans résultat. Personne ne savait d’où cela venait. Ils s’en retournèrent chacun chez soi. Quand l’hôte d’Ulespiègle fut rentré, il se trouva tellement mal de la puanteur qu’il avait sentie, qu’il rendit tout ce qu’il avait dans le corps. Il raconta comment ils avaient été infectés dans la salle, et de quelle odeur. Ulespiègle se mit à rire, et dit : « Le richard n’a pas voulu m’inviter et me régaler du sien. J’ai été plus généreux que lui, car je l’ai régalé du mien. Si j’avais été là, cela n’aurait pas senti si mauvais. » Là-dessus il compta avec son hôte et partit, car il craignait que la chose ne fût découverte. L’hôte comprit bien à ses paroles qu’il savait quelque chose de la puanteur, mais il ne s’expliquait pas comment il avait pu s’y prendre, et cela l’intriguait beaucoup. Ulespiègle était déjà hors de la ville quand l’hôte entra dans la chambre qu’il avait occupée, et trouva le soufflet encore plein de ce qui avait produit la mauvaise odeur, et le trou qui avait été fait dans la muraille. Il comprit alors et fit venir son voisin ; il lui raconta les choses, et ce qu’Ulespiègle avait fait et ce qu’il avait dit. Le richard lui dit : « Cher voisin, il n’y a rien à gagner avec les fous et les jongleurs, c’est pourquoi je ne veux plus en avoir chez moi. Si cette malice m’a été faite chez vous, je n’y puis rien : je tenais votre hôte pour un mauvais sujet ; je l’avais vu à sa physionomie. Il vaut mieux que cela se soit passé chez vous que chez moi, car il aurait peut-être fait pire. – Cher voisin, vous avez bien