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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

poulets ; qu’est-ce que l’autre est devenu ? – Madame, répondit Ulespiègle, ouvrez l’autre œil, vous verrez les deux poulets. » Voyant qu’il se moquait d’elle parce qu’elle était borgne, la servante devint furieuse ; elle courut se plaindre au prêtre, et lui raconta toute l’affaire. Le curé entra dans sa cuisine, et dit à Ulespiègle : « Pourquoi te moques-tu de ma servante ? Je vois bien qu’il n’y a plus qu’un poulet à la broche, et il y en avait deux. – Oui, il y en avait vraiment deux. – Où est donc l’autre ! – Le voilà. Ouvrez vos deux yeux, et vous verrez qu’il est à la broche. C’est ce que j’ai dit à votre servante, et elle s’est mise en colère. – Cela n’est pas possible, dit le prêtre en riant, que ma servante ouvre les deux yeux, car elle n’en a qu’un. – C’est vous qui le dites ; moi je ne dis rien. – Ce qui est fait est fait, dit le curé ; mais toujours est-il qu’il y a un poulet de disparu. — Oui, répondit Til, il y en a un de disparu, et un à la broche. J’ai mangé l’autre. Vous m’avez dit que je devais manger d’aussi bons morceaux que vous et votre servante ; cela m’aurait fait de la peine si vous vous étiez trouvé manquer de parole, en mangeant les deux poulets sans m’en donner ma part. C’est pour cela que j’en ai mangé un. – C’est bien, mon cher garçon, dit le curé. Je ne veux pas me tourmenter davantage pour un poulet rôti ; mais, à l’avenir, fais ce que ma servante te commandera, et tâche de la contenter. – Volontiers, mon cher maître », répondit Ulespiègle.

À partir de ce moment, lorsque la servante com-