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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

disant qu’il l’avait trouvée très bonne ; puis il lui fit servir du lard et des choux. Ulespiègle ne dit rien ; il mangea de ce qu’on lui donnait, et repartit le lendemain. Le curé lui cria comme il s’en allait : « Entends-tu ? quand tu reviendras, apporte deux saucisses, une pour moi et une pour toi ; je t’en rendrai le prix, et nous nous régalerons ensemble que l’eau nous en viendra à la bouche. – Oui, monsieur le curé, il sera fait comme vous dites ; je penserai à vous pour les saucisses. » Puis il s’en retourna à Hildesheim.

Or il arriva ce qu’il désirait, que l’équarrisseur eut une truie morte à conduire à la voirie. Ulespiègle le pria de lui faire, pour de l’argent, deux saucisses avec de la viande de cette truie, et il lui donna quelques deniers. L’équarrisseur lui fit deux belles saucisses. Ulespiègle les prit et les fit cuire à l’eau, comme on fait habituellement. Le dimanche suivant il retourna à Égelsheim, et arriva pendant que le curé disait la sainte messe. Il s’en alla au presbytère et remit les deux saucisses à la chambrière, la priant de les faire cuire pour déjeuner, une pour le curé et l’autre pour lui ; puis il s’en alla à l’église. La chambrière mit les saucisses au feu et les fit cuire. Quand la messe fut finie, le curé aperçut Ulespiègle ; il s’en alla promptement au presbytère et dit : « Ulespiègle est ici ; a-t-il apporté les saucisses ? – Oh ! oui ! répondit la servante ; deux saucisses si belles que je n’en ai jamais vu de pareilles. Elles vont être cuites. » Elle en retira une, qu’elle servit au curé ; et