Page:Anonyme - Les Aventures de Til Ulespiegle.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

savait ce qu’il faisait, et il fut content, quelque chose qu’Ulespiègle lui donnât, pourvu qu’il partît. Il en fut de même de la servante, qui avait été battue à cause de lui. Quand Ulespiègle fut prêt à partir, il dit au curé : « Monsieur, vous avez révélé ma confession. Je vous préviens que je m’en vais à Halberstadt, et que je le dirai à l’évêque. » Quand le curé entendit qu’Ulespiègle voulait lui susciter des embarras, il oublia sa colère, et le pria de se taire. Il lui dit que cela lui était arrivé dans un moment de colère, et qu’il lui donnerait vingt florins s’il voulait ne pas se plaindre. Ulespiègle répondit : « Non, je ne me tairais pas pour cent florins. Je veux aller me plaindre, comme il convient. » Le curé, les larmes aux yeux, pria la servante de demander à Ulespiègle ce qu’il voulait pour se taire, et de le lui donner. À la fin Ulespiègle consentit à se taire si on voulait lui donner le cheval, déclarant qu’il ne se tairait qu’à cette condition. Le curé tenait beaucoup à son cheval, et lui eût donné plus volontiers tout son argent. Mais il fut contraint de donner le cheval. Ulespiègle l’emmena à Wolfenbüttel. Quand il arriva sur la chaussée, le duc était sur le pont-levis, qui le vit venir avec son cheval. À l’instant il ôta son habit, qu’il avait promis à Ulespiègle, et, s’adressant à lui, lui dit : « Voilà, mon cher Ulespiègle, l’habit que je t’ai promis. – Gracieux seigneur, dit Ulespiègle en mettant pied à terre, voilà votre cheval. » Cela fit grand plaisir au prince, et Ulespiègle dut lui raconter comment il s’y était pris pour l’obtenir du curé.