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de Robinson Crusoé.

après moi. De cette manière je me croyois parfaitement défendu & bien fortifié contre tous aggresseurs quelconques ; & par conséquent je dormois en toute sûreté pendant la nuit ; ce qu’autrement je n’aurois pu faire ; quoiqu’à la vérité la suite du tems fît assez voir qu’il n’étoit nullement besoin de tant de précautions contre les ennemis que je croyois devoir redouter.

C’est dans ce retranchement, ou, si vous voulez, dans cette forteresse, que je transportai mes provisions, mes munitions, en un mot, toutes mes richesses, dont je vous ai donné ci-devant un compte fidèle. Je m’y érigeai une grande tente, que je fis double pour me garantir des pluies, qui sont excessives dans cette région pendant certain tems de l’année. Je dressai donc premièrement une tente médiocre, secondement une plus grande par-dessus, & ensuite je couvris le tout d’une toile goudronnée, que j’avois sauvée avec les voiles. Dès-lors je cessai pendant long-tems de coucher dans le lit que j’avois apporté à terre, aimant mieux dormir dans un branle qui étoit très-bon, c’étoit celui dont se servoit le Pilote de notre vaisseau.

Je portai dans ma tente toutes les provisions qui se pouvoient gâter à la pluie, & ayant de la sorte renfermé tous mes biens dans l’enceinte de