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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/19

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Préface

On y découvre plutôt un pauvre marinier, qui est bien embarrassé à faire passer ses idées dans l’esprit de ses lecteurs : son style est rempli de répétitions ; au lieu de réflexions, il nous donne souvent des sentimens tout cruds, qui deviennent pourtant des réflexions sensées & justes en passant dans un esprit cultivé. Le bon sens qu’on entrevoit dans ses expressions est, pour ainsi dire, brut & privé de cette politesse & de cette forme que l’étude & le commerce des honnêtes gens sont capables de prêter à une justesse d’esprit naturelle.

Je conviens qu’il paroît beaucoup d’industrie dans la description qu’on voit dans cette histoire, de tout ce que notre aventurier a fait pour sa conservation, & pour rendre sa solitude la moins désagréable qu’il étoit possible. Mais on auroit tort d’insérer de-là que l’auteur doit être un habile homme. On sait à quels efforts la nécessité porte l’esprit humain. On sait que les brutes mêmes sont d’excellens machinistes, quand il s’agit de leur conservation ou de leur commodité, & nous sommes souvent étonnées de la justesse des mesures qu’elles prennent pour se procurer le bien & pour éviter le mal.

Le défaut de génie & de lumières que