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de Robinson Crusoé.

main. Nous en avions chacun une paire, & ainsi nous étions en état de faire six grandes décharges tout de suite. Mais pour lors toutes nos armes ne nous furent point nécessaires ; car à nos premiers coups les ennemis s’arrêterent tout court. Il y en eut quatre de tués, & plusieurs autres de blessés, qui en se tirant de la foule, laissoient sur la neige les traces de leur sang. Voyant pourtant que le reste ne se retiroit pas, je me ressouvins d’avoir entendu dire que les bêtes les plus féroces même étoient effrayés du cri des hommes, & conséquemment j’ordonnai à tous mes compagnons d’en pousser un de toutes leurs forces.

Je vis par-là que cette opinion n’étoit pas si mal fondée ; car dans le moment ils commencèrent leur retraite, & après que j’eus faire faire une seconde décharge sur leur arrière-garde, ils prirent le galop pour s’enfuir dans les bois.

Leur fuite nous donna le loisir nécessaire pour recharger nos armes tout en chemin faisant ; mais à peine eûmes-nous pris cette précaution, que nous entendîmes dans le même bois, du côté gauche, mais plus en avant que la première fois, des hurlemens encore plus effroyables.

La nuit s’approchoit cependant, ce qui mettoit nos affaires en plus mauvais étét, sur-tout quand nous vimes paroître tout en même tems trois troupes de loups, l’une à la gauche,