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Les aventures

l’autre derrière nous, & la troisième à notre front ; de manière que nous en étions presque environnés. Néanmoins comme ils ne tomboient pas d’abord sur nous, nous jugeâmes à propos de gagner toujours pays, autant que nous pouvions faire avancer nos chevaux, ce qui n’étoit tout au plus qu’un bon trot, à cause des mauvais chemins.

De cette manière, nous découvrîmes bien-tôt le défilé par lequel il falloit passer de nécessité, & qui étoit au bout de la plaine, comme j’ai déjà dit ; mais étant sur le point d’y entrer, nous fûmes surpris par la vue d’un nombre confus de loups qui faisoient mine de vouloir nous disputer le passage.

Tout d’un coup nous entendîmes d’un autre côté un coup de fusil, & dans le même instant nous vîmes un cheval sellé & bridé sortir du bois & s’enfuir comme le vent, ayant à ses trousses seize ou dix-sept loups qui devoient bien-tôt l’atteindre, puisqu’il étoit impossible qu’il soutînt encore long-tems une course si vigoureuse.

En nous avançant du côté de l’ouverture dont ce cheval venoit de sortir, nous apperçumes les cadavres d’un autre cheval & de deux hommes fraîchement dévorés par ces bêtes enragées, l’un desquels devoit être nécessairement celui à qui